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Jean-Gaël Montarnal
Temps de lecture: 9 mn environ
Illustration par Fanny Lamouroux

Tout comme le « bonheur au travail », la Qualité de Vie au Travail (QVT) est un terme qui fait l’objet de nombreuses études, réactions et même de base de business pour de nouvelles entreprises. Pour avoir des résultats bénéfiques, il faut que la démarche de QVT soit globale.

La QVT : une notion en vogue

Le terme de Qualité de Vie au Travail a été de plus en plus recherché au cours des 3 dernières années en France:

La tendance montre bien la popularisation de cette idée qui englobe d’autres concepts comme le bonheur au travail ou plutôt le bien-être au travail.

Mais à quoi correspond cette idée ?

La QVT ne se résume pas à installer ce fameux baby-foot dans une salle commune de l’entreprise, à installer des PS4, à servir des smoothies ou tout autre « dérivatif à la pénibilité du travail ». Attention aux stéréotypes de la jeune startup qui propose un environnement de travail cool et détendu ou au grand groupe qui cherche à changer son image en proposant des cours de yoga tous les mardis sur la pause dej’ ! Ces actions dont l’objectif est avant tout de présenter une culture d’entreprise attrayante peuvent s’avérer contreproductives.

Non, pour se concentrer sur l’amélioration de la QVT, il faut entreprendre une démarche beaucoup plus globale !

Dans ce sens, voici une définition proposée par l’ANI (Accord National Interprofessionnel) :

Elle peut se concevoir comme un sentiment de bien-être au travail, perçu collectivement et individuellement, qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué.

Un mouvement qui vient casser les codes du travail

Même s’il en est fini de l’ère du taylorisme, on retrouve encore dans beaucoup d’entreprises ayant souvent plus de 20 ans, des méthodes de travail qui sont héritées du début du siècle dernier. Elles sont reconnaissables par leur fonctionnement très vertical avec une forte autorité hiérarchique, l’hyperspécialisation des employés où chacun a son rôle bien spécifique et un temps important attribué à la surveillance et l’évaluation des performances.

Partant de ce constat, de nouvelles entreprises se créent autour de services permettant à des entreprises plus anciennes de se mettre à la page et de s’engager dans une vraie démarche d’amélioration de la QVT de leurs employés.

Ces nouvelles entreprises peuvent avoir un service qui couvre l’ensemble de la démarche de QVT comme c’est le cas Cyconia qui par sa plateforme offre un service de conciergerie, de réseau social, d’outils de sondage ainsi que des produits associés. Mais elle peuvent aussi se concentrer sur un élément particulier, comme donner accès à des cocons de sieste (Nap&Up), à des meubles d’aquaponie (Aura) ou encore à de la cocréation pour les employés (Besight). Mais ces éléments n’auront un réel impact que s’ils sont intégrés dans une démarche plus globale. Seuls, ils n’impactent pas plus qu’un coup d’épée dans l’eau.

Que contient cette démarche globale ?

L’ANACT (Agence Nation pour l’Amélioration des Conditions de Travail) a identifié 3 facteurs à la QVT :

  • Les conditions :
    • L’environnement de travail (physique, technique, organisationnel, entreprise libérée…)
    • Les conditions d’emploi (formation, carrière, égalité, avantages…)
    • Les conditions de vie extraprofessionnelles en relation avec le travail (temps de transport, problèmes de santé…)
  • La capacité à s’exprimer et à agir :
    • Participatif (groupe de résolution de problèmes, débats sur le travail…) .
    • Partenariat social (concertation, dialogue social…).
    • Soutien managérial (clarté des objectifs, reconnaissance…).
    • Soutien des collectifs (solidarité métier, travail en équipe, échanges sur les pratiques…).
  • Le contenu du travail :
    • Autonomie
    • Valeur (sentiment d’utilité, perception des bénéficiaires, le sens…)
    • Apprentissage
    • Evaluation et amélioration

Une fois tous ces facteurs identifiés, commence la mise en place d’une vraie démarche en 4 étapes :

4 etapes pour la qvt

Finalement, les entreprises doivent agir sur ce qu’elles maitrisent : le travail et son organisation.

Si l’amélioration de la QVT touche uniquement les conditions de travail, les résultats seront décevants. C’est ce que présente une étude de chercheurs de l’université de l’Illinois qui portait sur les 12000 employés de leur campus.

Pour qu’un effet se fasse réellement ressentir, avec des résultats positifs, il faut revoir le contenu du travail qui constitue le quotidien des salariés. Si ce contenu est refaçonné de façon à rendre chaque missions variées, intéressantes et avec une réelle vision de l’impact, chaque employé saura pourquoi il fait ce qu’il fait sans s’essouffler dans une routine. Dites adieu au bullshit jobs de David Graeber. La capacité des employés à agir et à s’exprimer est aussi importante pour appuyer ce sentiment d’appartenance et d’implication dans quelque chose de plus grand que soi. L’holacratie ou l’entreprise libérée de Isaac Getz démontrent les bénéfices de ces nouveaux modèles manageriaux bien plus responsabilisant comparés à d’autres modèles manegeriaux classiques, plus executant d’une stratégie qui vient d’en haut.

Les enjeux derrière la QVT

En suivant une démarche d’amélioration de la QVT, les entreprises activent un nouveau levier de compétitivité. Tant sur le plan de la performance de l’entreprise et de sa relation avec ses clients que sur le plan du sentiment d’appartenance, d’engagement et la fidélité des employés, une bonne QVT permet de se démarquer de ses concurrents.

Une étude de Terra Nova présente des résultats concluants de la relation entre QVT et performance économique.

Les initiatives visant à renforcer les capacités d’action et d’expression des salariés, à donner du sens au travail, à reconnaître le travail effectué exercent une influence non négligeable sur l’engagement des collaborateurs et la performance des entreprises.

La notion d’engagement des salariés est très importante ici. Cet engagement augmente le niveau de productivité, de profitabilité et de satisfaction client plus élevés ainsi qu’un taux d’absentéisme et d’accident du travail plus faible. Je vous invite à vous plonger dans l’étude de Terra Nova pour approfondir ce sujet ou bien de lire un court résumé de cette étude ici. 

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L’auteur :

Jean-Gaël Montarnal
Professionnel de la culture d’entreprise

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