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Wilfrid DE CONTI
Temps de lecture: 16 mn environ
Illustration par Fanny Lamouroux

En ces temps de crise que notre président a même qualifiés de « temps de guerre », quasiment tous les secteurs d’activités sont fortement impactés et en particulier, celui de l’événementiel que nous connaissons bien chez Besight. Annulation sur annulation, demande de remboursement d’acomptes, événements reportés, … la cascade de mauvaises nouvelles n’en finit plus et touche bel et bien tous les secteurs directement ou en dommages collatéraux. Malheureusement, pour vous comme pour nous, il est difficile d’agir à son niveau pour réduire au maximum l’impact du coronavirus sur notre activité. Depuis le début de cette crise, nous avons collecté de nombreuses informations venant de plusieurs sources. Nous allons donc vous livrer notre analyse de la crise du coronavirus et notre modèle prévisionnel de reprise d’activité dans cet article, afin que vous puissiez y voir plus clair sur l’impact métier de ce virus et sur les options qui s’offrent à vous pour passer à travers les mailles du filet.

Etat des lieux du coronavirus (MàJ au 28/03/2020)

L’état de crise mondiale n’est plus à démontrer à cette date. Les questions que se posaient les citoyens et travailleurs au début de la crise ont rapidement trouvé une réponse dans l’urgence d’agir contre la propagation exponentielle du virus :

Il n’est plus à démontrer également que la meilleure mesure prise par l’état a été le confinement. Certes compliqué à vivre pour de nombreux télétravailleurs comme toute nouveauté imposée, il s’agit d’une véritable chance que ne connaissent pas nos concitoyens qui soignent, ravitaillent et produisent pour nous actuellement.

Le confinement : la première étape de la bataille

Pour bien comprendre l’enjeu actuel du coronavirus, voici une animation qui démontre l’intérêt de mettre en place au plus tôt des mesures de confinement :

Source de l’animation.

Légende simplifiée :

  • La courbe orange en pointillé représente la capacité d’un système de santé à absorber la charge de patients à traiter.
  • La courbe noire en pointillé représente le nombre de cas déclarés de coronavirus.
  • Les courbes pleines (noire et orange) représentent respectivement les mêmes données mais dans le cas où le confinement est mis en place rapidement et respecté.

Lorsque le confinement intervient à temps, on dit que la courbe du nombre de cas s’aplatit. C’est ce que la communauté scientifique internationale n’a pas arrêté de nous marteler : « Flatten the curve »

Voyons maintenant pourquoi :

Analyse de la courbe orange en pointillé : Capacité de traitement d’un système de santé

Lorsque qu’un système de santé découvre une nouvelle maladie, il se retrouve rapidement pris de court en voyant des cas se multiplier sans en connaître la cause ou les moyens de traitement. La capacité chute alors jusqu’à un minimum à partir duquel des solutions commencent à être trouvées. C’est ce que l’on observe au début de la courbe orange et qui est représenté en pointillé sur l’animation.

Ce n’est qu’après avoir trouvé la « bonne recette » que le système de santé peut trouver un équilibre en atteignant un nombre maximal de patients traitables par jour. Cela représente le moment où la courbe est parfaitement plate.

Analyse de la courbe noire en pointillé : nombre de nouveaux cas déclarés sans confinement

Cette fois, la courbe noire en pointillé représente le nombre de nouveaux cas si nous ne respectons pas les mesures de confinement. La propagation est extrêmement rapide et sature dès les premiers jours les systèmes de santé. Nous avons pu observer cela chez nos voisins Italiens qui doivent maintenant « choisir » les patients à sauver.

On voit également que cette courbe monte très haut. L’aire représentée en violet au début de l’animation correspond au nombre de cas qu’un système de santé ne pourra pas traiter.

Analyse des courbes pleines : mesures de confinement mises en place et respectées

Lorsque le confinement intervient rapidement, cela permet deux choses :

  1. Le système de santé gagne du temps pour se préparer à la crise et voit ainsi sa capacité augmenter, sans connaître de phase de débordement
  2. La propagation se ralentit drastiquement ce qui permet à la courbe noire de rester en dessous de la courbe orange. Cela signifie, en d’autres termes, que tous les nouveaux cas sont effectivement pris en charge par les hôpitaux.

Pourquoi ne pas avoir agi plus tôt ?

Pour répondre à cette question, il faut comprendre la différence entre risque et incertitude. Evidemment, le scepticisme quant à la gravité de cette crise a battu son plein ces dernières semaines. Ce phénomène a été expliqué par M. Philippe Silberzahn, Professeur associé à l’EM Lyon et chercheur associé à l’Ecole Polytechnique. Dans un article publié dans la Harvard Business Review, M. Silberzahn explique la différence entre risque et incertitude. Nous vous laisserons prendre connaissance de cet article pour approfondir mais voici une phrase vulgarisée qui vous permettra d’en comprendre les grands principes :

« La grippe est un risque, le coronavirus, une incertitude. »

La grippe est une maladie qui revient chaque année. Elle est bien connue, son impact aussi. Elle fait partie du domaine du risque. Elle est un événement malheureux, mais puisqu’il se répète, nous savons le gérer. Sa répétition fait que, malgré sa morbidité forte (10.000 personnes par an en France), elle est devenue routinière, nous nous y sommes habitués, c’est une statistique. Le coronavirus, lui, est inédit. Nous savons plusieurs choses sur lui, mais nous en ignorons aussi beaucoup. Avec lui, nous faisons face à l’incertitude, notamment sur sa létalité. Il se pourrait qu’il fasse quelques milliers de morts, mais il pourrait aussi devenir l’épidémie du siècle, une nouvelle grippe espagnole (50 millions de morts au moins en 1918-1919). Ce qui fait peur, ce n’est donc pas le nombre de morts, si grand soit-il, c’est l’incertitude quant au nombre de morts possibles du virus

La décision de mettre en place les mesures de confinement a pris du temps car elle était soumise à une grande incertitude. Cette incertitude est alors à l’origine d’un paradoxe. Si nous agissons trop tôt, est-ce que la menace peut être réellement prise au sérieux ? Les mesures de confinement actuellement mises en place semblent avoir été transgressées par de nombreuses personnes puisque notre premier ministre disait hier : « Nous avons vu trop de gens dans les cafés et les restaurants » et qu’il prévoit actuellement des mesures répressives pour maintenir la population à la maison.

Une fois encore, cela s’explique :

A cette difficulté (ndlr : de prendre une décision face à l’incertitude) s’ajoute un paradoxe : l’efficacité même d’une réponse, en permettant de limiter l’épidémie, peut faire douter que la menace ait été réelle en premier lieu.

Voilà pourquoi le gouvernement a tardé à prendre cette décision importante et cruciale dans la réponse à la crise du coronavirus.

Quelle est l’efficacité de ces mesures ?

Rien de mieux pour répondre à cette question que de récupérer toutes les données à notre disposition pour transformer l’incertitude en un risque mesurable. Ce travail a été fait par Thomas Pueyo (auteur du graphe au début de l’article) dans un dossier sur le coronavirus.

Voici un modèle construit sur la base de ces données :

Ce graphe représente le nombre de nouveaux cas déclarés chaque jour en prenant en compte 3 scénarios :

  1. Sans mesures de confinement (courbe noire)
  2. Avec des mesures de confinement mises en place 20 jours après le premier cas déclaré (courbe verte)
  3. Avec des mesures de confinement mises en place 21 jours après le premier cas déclaré (courbe rouge), soit un jour après le cas de la courbe verte

L’objectif de ces mesures : tenir la courbe verte et non la rouge, ni la noire. En effet, un jour de décalage sur la mise en place de mesures drastiques peut avoir des effets dévastateurs, comme on peut le voir sur le graphe suivant qui représente le nombre de cas cumulés des 3 scénarios précédents :

Une journée supplémentaire d’attente peut représenter 40% de cas supplémentaires…

Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, voici une vidéo qui résume le problème :

Nous savons donc ce qu’il nous reste à faire et pourquoi nous devons le faire. Maintenant, voyons plus concrètement comment adapter notre activité à cette crise sanitaire qui n’implique pas forcément que nous fassions l’autruche pendant 3 mois…

Tests et quarantaines : La partie 2 de la bataille

Une fois le confinement mis en place se pose la question d’un potentiel retour à la normale. A quelle échéance est-il attendu ? A quoi ressemblera-t-il ?

Ces questions restent encore indéterminées. Le premier ministre a d’ailleurs annoncé le 27/03 le prolongement du confinement jusqu’au 15 Avril (initialement prévu pour durer jusqu’au 1er Avril soit 15 jours de report).

Malheureusement, ces annonces risquent de se répéter dans les 6 prochains mois. En effet, nous ne serons débarrassés de cette épidémie de coronavirus que dans les cas suivants :

  • Une part suffisante de la population (estimée entre 60 et 80% de la population mondiale) aura contracté le virus et développé une immunité. Ce scénario est assez risqué car, comme nous l’avons vu au point précédent, si la pandémie se propage trop rapidement, le nombre de morts peut rapidement exploser.
  • Les états auront mis en place un dépistage massif de la population, un suivi assidu de l’évolution des malades et des isolations (mises en quarantaine) des personnes porteuses du virus (même asymptomatiques). Ce scénario a déjà prouvé son efficacité lors de nombreuses autres épidémies ou encore, dans le cas du Covid19, dans des pays comme la Corée du Sud ou Taiwan.

Lorsque le second scénario est mis en place assez tôt dans une pandémie, il n’est même pas nécessaire de passer par la phase 1 que nous connaissons maintenant bien en France : le confinement.

Y aura-t-il une partie 3 ?

C’est ce qui semble se dessiner actuellement… (au 28/03/2020)

Thomas Pueyo, l’auteur de l’article cité plus haut, parle du marteau et de la danse. Nous en sommes actuellement au marteau, phase qui consiste à mettre en place des mesures (moyenâgeuses mais efficaces) en enfermant tout le monde chez soi. Lorsque le confinement aura fonctionné, nous pourrons mettre en place la partie 2 de la phase « Hammer » afin de maîtriser l’épidémie.

Les facteurs clés de succès pour la suite (la danse) seront :

  • Un maintien du facteur de transmission « R0 » en dessous de 1 (c’est à dire qu’une personne en contamine moins d’une en moyenne)
  • Réussite des mesures de tests, suivis et quarantaines des malades
  • Amélioration des capacités de traitement pour mieux gérer les patients malades
  • Maintien de toutes les mesures liées à la distanciation sociale tant qu’un vaccin ne sera pas trouvé ou que le taux de personne immunisée n’aura pas atteint entre 60 et 80% de la population selon les estimations.

Selon l’évolution de chacun de ces points, nous pourrons plus ou moins reprendre une vie moins confinée rapidement.

Enfin, pour bien comprendre les enjeux de cette phase 3, voici une vidéo de vulgarisation scientifique qui résume très bien la situation en y apportant de nombreux points de détails et des sources intéressantes :

Enfin, voici tout un tas de sources scientifiques choisies par l’auteur de la chaîne Dirty Biology qui reprennent ce qui a été dit plus haut.

Etat des lieux de la crise événementielle du coronavirus (MàJ au 28/03/2020)

Maintenant que vous en savez plus sur l’importance du respect des mesures de confinement, voyons l’impact que cela va avoir sur le milieu de l’événementiel et comment le minimiser.

Résumé de la situation : événementiel et coronavirus

Durée prévisionnelle :
Le stade 3 de la pandémie a été déclaré en France le samedi 14 mars 2020. Cela signifie que nous entrons dans une phase de 8 à 12 semaines de déplacements restreints. Comprenez donc que le télétravail sera obligatoire jusqu’à la fin de cette période. Il va donc falloir s’y habituer.

Activité :
Les entreprises reporteront tous les événements jusqu’à fin Juin 2020. Cela signifie 2 choses :

  • Les 3 prochains mois seront exceptionnellement calmes. Tout l’événementiel sera réduit au zéro absolu pendant cette période donc nul besoin d’espérer qu’un salon soit maintenu avant fin Juin (date à confirmer selon les évolutions. MàJ 17/03/2020).
  • La reprise va être très chargée pour tout le monde. Face aux pertes essuyées par les entreprises pendant cette période d’hibernation, les entreprises relanceront leur activité dès la fin de la crise sanitaire pour tenter de compenser les pertes.

Organisation :
Le maître mot sera l’anticipation pour assurer la meilleure transition possible. Néanmoins, rien ne sert d’anticiper à l’heure de la rédaction de cet article. Vous devez le ressentir à tous les niveaux : il est aujourd’hui difficile d’avoir une conversation commerciale qui aborde d’autres sujets que le report du projet ou encore les impacts du coronavirus.

Voyons donc les solutions pour bien gérer cette crise grâce au modèle de reprise d’activité suivant.

Modèle de reprise d’activité prévisionnel par phase

Basé sur notre expérience, sur les données collectées concernant la pandémie, sur les communiqués internes reçus des 4 coins du monde par nos fournisseurs et sur les informations transmises par nos clients, voici un modèle d’activité qui décrit ce qui nous attend dans les prochains mois :

Attention : il s’agit d’une courbe qualitative et non quantitative. Les ordres de grandeur ne sont donc pas à prendre au pied de la lettre mais plutôt comme des tendances.

Voyons maintenant phase par phase l’explication de ce modèle.

Phase 1 : Le deuil face au confinement

Le choc psychologique provoqué par les mesures de confinement contre le coronavirus est tel qu’il faudra un certain temps pour que la population les accepte. Il s’agit d’un processus de deuil classique, selon le modèle de Kubler-Ross, lorsqu’un grand changement s’opère dans la vie d’un individu :

Cette phase de deuil devra être pour tous un moment de recueillement et d’acceptation, orné de calme et de bienveillance.

Nos conseils : Dans cette phase, ayez l’empathie de ne pas harceler vos interlocuteurs avec des sujets business. Actuellement, ils n’ont pas encore réalisé et accepté l’impact du coronavirus sur leurs prochains mois de vie. Voici un gif qui résume la situation (à partager sans modération pour apaiser les esprits) :

Phase 2 : La réorganisation du travail pour un retour à la normale

Une fois la prise de conscience effectuée, le monde de l’événementiel va devoir monter en compétence sur le télétravail et plus généralement, sur la gestion de cette crise et ses conséquences. Il s’agit là d’un cas classique de l’expression de la courbe d’apprentissage qui a une forme logarithmique, comme nous pouvons l’observer dans notre phase 2 :

L’enjeu de cette phase sera d’organiser les prochaines semaines qui verront une augmentation sérieuse du temps de travail lorsque la reprise approchera et selon les échéances annoncées par le gouvernement en rapport avec la gestion de la crise.

Nos conseils : Ne tardez pas à entamer cette phase et à réaliser des projections de votre reprise d’activité. Chaque cas est exceptionnel et le modèle utilisé dans cet article doit être adapté à votre activité et ses contraintes propres.

Phase 3 : La montée en charge pour la reprise de l’activité

Une fois la phase d’apprentissage terminée, le niveau d’activité va graduellement augmenter pour atteindre le niveau historique d’activité avant l’intervention de cette crise.

Cette phase doit être perçue comme la phase nécessaire à la préparation d’un projet, en temps normal. L’important sera néanmoins de prendre en considération les enjeux logistiques et sanitaires qui risquent d’être toujours complexes, selon l’avancée de la crise du coronavirus.

Nos conseils : Profitez des services de vos partenaires qui n’attendent que de vous soutenir pour remettre votre activité sur les rails.

Phase 4 : Reprise officielle et fin de la crise

Evidemment, la reprise sera intense pour tout le monde. Nos partenaires nous informent déjà qu’il serait judicieux de faire passer le maximum de charge en amont de cette période afin d’éviter une surcharge cette fois-ci de la capacité de production de l’économie du monde événementiel.

L’augmentation de l’activité dans cette phase et son échéance dans le temps restent incertains. Nous mettrons à jour cet article pour vous donner les meilleures directives possibles en temps et en heure.

 

Par chance, les capacités de production actuelles sont conservées sans augmentation du délai de livraison. Ceci est une véritable opportunité à saisir, dès la phase 2 du cycle de reprise d’activité. En ce qui concerne vos enjeux commerciaux, attendez bien la fin de la phase 1 avant d’engager une quelconque discussion business (mis à part les affaires en cours bien-sûr). Le temps est actuellement à l’acceptation et à l’adaptation face à cette situation de crise sanitaire qualifiée d’inédite par notre gouvernement. Un peu d’empathie donc, et beaucoup de courage à tous 💪.

L’auteur :

Wilfrid de Conti
Professionnel de l’engagement et de la brand advocacy

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